OM Olympique de Marseille

Finale Clubs Champions 1991 Etoile Rouge de Belgrade - OM 0 - 0 (5 - 4)

29 Mai 1991 Bari
Etoile Rouge de Belgrade bat l'OM 0 à 0
(5 Tirs au but à 4)


Arbitre Mr Lanesse (Italie) 64000 Spectateurs,
OM Olmetta - Amoros, Boli, Mozer, Casoni, Di Meco (Stojkovic 111e) - Germain, Fournier (Vercruysse 75e) - Waddle, Papin (cap.) , Pelé Entraineur Goethals
ER Belgrade Stojanovic (cap.) - Sabanadzovic, Najdoski, Belodedici, Marovic- Savicevic (Stovic 84e) , Jugovic, Prosinecki, Mihajlovic- Binic, Pancev. Entraineur Petrovic
Article L'Année du Football
Une image, une seule, fracasse les souvenirs au moment où l'on repense à la finale de Bari.
Celle de Basile Boli courbé, son visage inondé de larmes caché dans ses mains crispées. ça fait du mal, un homme qui pleure. Avec Basile, on a encore plus mal.
Longtemps, Basile va errer comme une âme en peine, appelant l'air frais du soir de son souffle court. Il a ce regard perdu vers l'infini qui ne comprend pas, qui n'en revient pas, qui ne croit pas que tout se soit achevé par cet immense gâchis.
Car maintenant la fête est morte et le rêve est brisé. L'OM empoche ses dernières espérances et laisse filer l'Etoile Rouge de Belgrade vers un triomphe indécent.
Bonjour tristesse.
C'est trop dur : car  l'OM de Basile et de ses frères n'a pas mérité ça. Ils l'ont dominée, cette finale. Ils devaient la gagner dix fois.Et ils la perdent stupidement après un combat de deux heures, pour un tir au but repoussé par Stojanovic
Décidément, le football français est maudit. En 1976,c'est un coup franc de Roth qui fait trébucher Saint-Etienne.
Quinze ans après, l'histoire bafouille quand elle nous sert, tout froid, bien glacé, l'épisode d'Amoros tirant dans les bras du gardien yougoslave au cours d'une séance de tirs au but, cruelle, injuste, inhumaine.
Marseille pleure de ne pas avoir offert à la France sa première coupe européenne.
Trente-six ans que tout le pays attend cet évènement, mais la cinquième finale française en compétition européenne n'aura rien donné comme les autres.
Comme celles de Reims en 1956 et 1959, comme celle de Saint-Etienne en 1976, comme celle de Bastia en 1978 (dans la Coupe de l'UEFA).
Dommage, car l'OM n'a jamais été aussi près. Faudra-t-il attendre quinze ans maintenant pour espérer encore ?
Heureusement, 2 ans suffiront mais on ne le sait pas encore.
Pourtant, cette fois, tout a commencé au milieu de ces frissons qui annoncent les beaux événements.
Le Stade de Bari, magnifique architecture sidérale, s'ouvre dans le ciel des Pouilles rougeoyant dans le couchant.
Les chants qui s'élèvent dans le soir qui vient prennent aux tripes
A l'heure où le Sicilien Tulio Lanesse regarde une dernière fois sa montre-chrono pour libérer les vingt-deux acteurs de la centième finale européenne, notre univers se colore de bleu et de blanc. Ce soir, ce sont les couleurs de l'espoir.
Dans ce poker menteur où chacun cache bien son jeu, l'équipe yougolave tente un bluff. Elle ose attaquer d'entrée, toujours sur le côté droit. Savicevic, le meneur de jeu yougoslave ne mène pas vraiment les siens sur les sentiers de la gloire.
Il paraît sobre, effacé, au point que sa discrétion entache la réputation d'un talent que l'on dit flamboyant.
L'OM pousse, presse. Et Boli active ses troupes.
Avec lui, l'équipe marseillaise crée le surnombre. En face, les Yougoslaves montrent une fébrilité de débutants doués.
Eux aussi courent après leur première Coupe des Champions.
Chaque fois que Boli monte, c'est pour semer la pagaille dans le camp yougoslave. C'est lui qui place pour la première fois JPP sur la voie royale mais celui-ci, trop bien gardé, manque de peu la cible.
La Finale est telle que l'avait prévue Beckenbauer, étouffée, étouffante. une de ces rencontres où l'on verrouille tous les systèmes.
Le pressing yougoslave a torpillé ainsi la classe de Pelé et de Waddle. Papin, lui, est sous haute surveillance. 
Pareil de l’autre côté avec Fournier et Germain acharnés à la perte de Posinecki et de Savicevic, tandis que Pancev rêve d’un ballon qui ne tombera que sur Mozer ou Boli.La finale est à ce point bridée, cadenassée, coincée, qu'elle ne réussira jamais à nous délivrer l'identité de son vainqueur.
Même si l'OM l'a déclinée plus d'une fois.
Le match court à son terme, Waddle a deux occasions mais il est dit que rien ne sera inscrit, même dans les prolongations
Pour les tirs au but, Goethals, s'efforce de trouver la clef de l'énigme en désignant cinq tireurs à sang froid capables d'exécuter la sentence et d'enlever le morceau.
Manu Amoros doit ouvrir le bal, juste dans la foulée de Prosinecki. Il a vu que le blond de l'Etoile Rouge a tapé dans le mille, il ne lui reste plus qu'à faire la même chose.
Il s'élance, se bloque juste avant la frappe qu'il décoche trop précipitamment, trop tôt. Comme hypnotisé par Stojanovic, il lui tire dans les mains.
Après Amoros, ceux de l'OM courront, sans vraiment y croire, après ceux de Belgrade. Casoni après Binic, Papin après Belodevic, Mozer après Mihajlovic.
Toujours un but d'avantage pour les Serbes.
l est exactement 22 h 50 quand Darko Pancev s'élance pour le dernier tir yougolave.
S'il le manque, l'OM garde ses chances, sinon....
Il marque, c'est fini ! La coupe est yougoslave.
On a beaucoup parlé, avant ce match fatidique, des deux trios magiques capables de chaque côté de faire naître l'étincelle, d'entretenir l'illusion, d'emballer la rencontre.Le PPW contre le PPS. Papin-Pelé-Waddle contre Prosinecki-Pancev-Savicevic.
Mais on a trop attendu de ces six-là.
Ce soir, le temps n'est pas aux arabesques.
La force a pris ainsi le pas sur l'esprit.
Les larmes de Basile hanteront longtemps le Stade de Bari et le coeur des Marseillais
Mais Basile reviendra à Munich pour nous délivrer de tous nos démons.
Mais deux ans plus tard....

Merci à dans deux ans