OM Olympique de Marseille

1976/77, l'échec de José Arribas

Sous la conduite de Jules Zvunka, rude et joyeux meneur d'hommes, l'O.M. qui après sa période brésilienne, vivait à l'heure argentine avec Yazalde et Noguès, enlevait la Coupe en 1976. Pour la 9e fois.
Grâce à Bereta et Trésor, mais aussi à Boubacar et Yazalde l'homme qui, en 1974 à Lisbonne, avait amélioré, avec 46 buts le record européen de Skoblar dans la course au Soulier d'Or.

Jean Fernandez, débutant de vingt et un ans vite devenu titulaire, abordait ainsi la crrière par son sommet.
Fernand Méric, fort de ce succès et de la seconde place acquise en Championnat la saison précédente, aurait dû s'estimer satisfait.
Mais, dans la plus pure tradition olympienne, son premier soin était d'enlever la responsabilité de l'équipe à Jules Zvunka qui venait pourtant de faire ses preuves durant ces deux saisons.
Il embauchait à prix d'or José Arribas, l'homme qui avait fait le F.C. Nantes, et rejetait Zvunka dans un rôle d'adjoint afin qu'il puisse "parfaire ses connaissances".
Au Plan-D'Aups où José Arribas avait été présenté à la presse, il n'avait été question que de la nouvelle sérénité émanant du club, qui comme Saint-Etienne, serait désormais bâti sur du roc et insubmersible.
Pour illustrer ces propos, Félix Méric, fils du président, avait porté un toast à la fin du repas.
-Je souhaite que nous soyons éliminés au premier tour de la Coupe des Coupes, au premier tour de la Coupe de France et que nous terminions 10e du Championnat, avait-il dit.
Ce sera la preuve qu'avec Arribas rien de grave ne peut nous arriver.
Message bien reçu. Southampton (4-0!) et La Paillade se chargaient de la partie Coupe.
En revanche, les prévisions concernant le Championnat se révélaient un peu optimistes : l'O.M. se classait 12e après avoir frôlé la descente.
Quant à Arribas, il ne dépassait pas le cap de février et venait prendre place dans le douloureux martyrologe des entraîneurs olympiens.
Qu'était-il venu faire dans cette galère ? Il dut longtemps se le demander même si le procès qu'il intenta, et gagna lui valut de percevoir plus de 100 millions de centimes.
Entre Nantes, club sans histoires, et l'O.M., le fossé était profond. En se passant la main sur le crâne, comme pour recoiffer une chevelure absente -le geste lui était familier - José Arribas eut plus d'une fois l'occasion de méditer là-dessus.
Toute sa connaissance du football ne lui servait à rien dans ce club sans arrière-boutique, qui vivait au rythme de pulsions plus ou moins frénétiques, au gré des saisons, au gré du pognon.
Lequel vint rapidement à manquer. L'épisode brésilien déjà avait coûté cher. Le transfert de Norberto Alonso, présenté comme le nouveau prodige argentin, allait achever de vider les caisses.
A son arrivée à la présidence, Fernand Méric avait trouvé un monstrueux redressement fiscal -800 millions- héritage de ses prédécesseurs.
Il avait balayé la menace d'une phrase, empruntée à Talleyrand "Tout ce qui est exagéré est insignifiant".
Mais la facture demeurait en suspens.
Alonso, trop jeune et mal acclimaté, était d'une faiblesse affligeante, lorsqu'il n'était pas blessé : il jouerait 17 matches sous le maillot blanc et marquerait 3 buts. Mais jamais Arribas n'oserait l'évincer, de peur d'encourir les foudres présidentielles.
Résultat l'O.M. se noyait doucement à l'image de Yazalde, désormais sur la pente.
Et même le renouveau sportif enregistré après la mise à l'écart d'Arribas, remplacé par Zvunka ne pouvait résoudre l'impasse financière.
Fernand Méric, tel l'apprenti sorcier, avait causé sa perte en voulant innover.
Il s'en allait laissant le fauteuil présidentiel à Norbert d'Agostino, dont le premier soin était d'embaucher Skoblar qui évinçait Zvunka.
L'éternel jeu des quatre coins.
Alain Pécheral
La Grande Histoire de l'OM