Coupe de France 1921
Il est temps de remettre les pendules à l’heure.
Éliminé 2 buts à 0, un an auparavant par
le CA Paris, en quart de finale d’une
jeune épreuve prometteuse – la Coupe
de France – le Red Star ne peut s’autoriser
un nouvel échec.
Question de prestige. Ce 24 avril 1921, il
a rendez-vous en finale, sa première, contre
l’Olympique de Paris. Le club est en
pleine ascension. Son équipe fanion est constellée
d’internationaux. Au coup d’envoi
sur le stade Pershing à Vincennes, Chayriguès,
Gamblin, Hugues et consorts n’imaginent
pas le début de la liaison passionnée que
le club poursuivra à cinq reprises, avec
cette compétition.
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Ce dimanche de printemps, il fait chaud sous
les chandails tricotés des joueurs, et aussi
dans les tribunes où s’agglutinent
18 000 spectateurs déchaînés.
Le match est de ceux qui tissent les légendes.
Premier coup d’éclat, le retour surprise
dans les cages de l’adulé gardien Chayriguès,
soi-disant perdu pour le foot après une grave
blessure à l’épaule.
Le Red Star domine et ouvre la marque après
la mi-temps par Clavel échappé sur son aile
droite.
Puis mène 2 à 0 grâce à Naudin.
e Parisien Landauer relance le suspense.
Le Red Star réduit à dix serre les dents
et les fesses. |
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L’Olympique obtient un penalty pour
une main de Gamblin. Celui-ci s’adresse
à Dewaquez, le tireur, et lui lance : "Tu
vas le rater, Julot !" Bingo, le shoot
trouve la poitrine de Chayriguès qui sera
porté en héros à la fin du match.
Le Red Star jubile. |
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Lucien Gamblin
Né le 22 juillet 1890 à Ivry-sur-Seine
International : (17 sélections)
Défenseur
Club : Red Star (1907-1925) |
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Ce titi Parisien, qui pendant près de vingt
ans fut le capitaine du Red Star, de l'équipe
de Paris et enfin de l'équipe de France était
une force de la nature. C'était un roc, un
arrière implacable, sans faiblesse. Sa carrière
sportive fut complète : champion de gymnastique
et à 17 ans, il réalisa 12" au 100 m,
52 " au 400 m, 10,40 m au poids et 1,60
m en hauteur.
Tout cela en 1907 ! |
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Son titre de gloire : capitaine de la France
qui battit pour la première fois l'Angleterre
au stade Pershing.
Sa carrière fut interrompu par la guerre
de 14-18.
Il reçu pour ses actes de courage, la Légion
d'Honneur.
A la fin de sa carrière, il devint journaliste
sportif, spécialiste du football.
Sa plume était très mordante |
HUITIEMES DE FINALE
Olympique de Paris - FC Sète : 2-0
Red Star - US Belfort : 3-0
US Tourcoing - ASF : 3-2
Cannes - JAO : 6-4
RC Calais - CASG : 3-2
US Suisse - La Garenne Colombes : 2-0
RCF - RC Rouen : 4-1
CA Paris - Saint Servan : 3-1
QUARTS DE FINALE
Olympique de Paris - CA Paris : 2-1
RC France - US Suisse : 4-2
Red Star - Cannes : 4-0
US Tourcoing - RC Calais : 2-0 |
DEMI-FINALES
Red Star - RC France : 4-3
Olympique de Paris - US Tourcoing : 3-2 (ap)
FINALE le 24 Avril 1921 à Pershing
Red Star bat Olympique de Paris : 2 - 1 (0
- 0)
18000 Spectateurs
Arbitre Monsieur Slawick
Buts : Clavel (53), Naudin (77) pour le Red
Star, Laudauer (78) pour l'Olympique de Paris
Red Star - Chayriguès - Meyer, Gamblin - Marion,
Hugues, Bonnardel - Bourdin, Brouzes, Paul
Nicolas, Naudin, Sentubery
Olympique de Paris - Cotteet - Langenove, Huysmans - Baron,
Paracchini, Haas - Devaquez, Rouchès, Landauer,
Darques, Rebut- |
Les poêmes de Giraud
En 1921, à propos du match de quart de finale
à Marseille contre Cannes, il nous faut conter
une petite histoire.
Arrivé le dimanche matin seulement à la gare
Saint-Charles, en compagnie du pauvre Philippe
Bonnardel, qui jouait au Red Star depuis
le début de la saison, nous trouvâmes toute
l'équipe arrivée la veille sur le quai. Et
Paul Nicolas de nous dire : " Ah ! belle
organisation que la nôtre. nous sommes dans
le même hôtel que Cannes, et nous en entendons
de belles. Tiens, lis."
Paul nous tendit alors un dépliant qui, sous
la signature du restaurateur-poète Giraud,
dirigeant cannois, vantait en vers (quatre
pour les joueurs, huit pour le capitaine)
les qualités des joueurs azuréens, dont le
succès était certain, disait-il.
Quelques pas plus loin, Giraud lui-même vint
nous serrer la main, et sussura à notre oreille
: "Quelle malchance pour vous de tomber
sur nous."
Paul Nicolas peu après demanda :
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ? "Nous
lui répètâmes les propos du poète, et toute
l'équipe de jeter des hauts cris.
Résultat : victoire du Red Star par 4 buts
à zéro. Après le match, avec des sourires
narquois, les vainqueurs trinquèrent avec
leurs victimes, qui, il faut le reconnaître,
admirent la supériorité des Parisiens. Mais
quelle jolie partie avait jouée Paul Nicolas
! |
La Finale et le penalty de Devaquez
En finale, l'Olympique de Paris partait favori,
car on ignorait complètement que le Red Star
avait une arme secrète : Pierre Chayriguès.
Jusqu'au moment de pénétrer sur le terrain,
la présence du fameux portier fut ignorée
de nos adversaires, et c'est avec grande
surprise que les dirigeants et les joueurs
de l'Olympique, et le public, virent Pierrot
se placer dans le but des marine et blanc.
Les Olympiens en furent sûrement affectés.
Le coup avait porté.
Le match, dès son début, fut passionnant,
notre Paul, déchaîné, multipliait les ouvertures
aux ailiers, Brouzes et Naudin "occupaient"
les "demi-ailes", adverses et Cottenet
dans les buts olympiens fut deux fois battu.
Devaquez et Darques, les animateurs des "vert
et blanc", s'employaient avec beaucoup
d'application. Mais Chayriguès faisait merveille.
Le "Chat" subjuguait ses adversaires
qui tiraient en dehors du portique ou dans
les énormes "pattes" du portier
audonien.
Le jeu devint violent. Brouzes fut emporté
du terrain après une ruade de Huysmans, avec
la cheville droite fracturée. Hugues était
blessé à la clavicule mais conservait son
poste. C'étaient là deux sérieux handicaps.Les
Olympiens marquèrent une fois - deux buts
à un !
Le Red Star luttait avec coeur, mais était
acculé sur ses buts malgré les contre-attaques
menées par Paul Nicolas qui continuait à
lancer ses ailiers. Et il se produisit un
évènement. |
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L'évènement que Paul Nicolas racontait ainsi
: "Il restait quinze minutes à jouer.
Gamblin fut à son tour touché, mais après
quelques secondes de soins, notre capitaine
reprit son poste. Heureusement pour nous,
car il sauva le navire en détresse en parant
un shot de Farques de la main droite et de
la tête sur la ligne du but.
Le ballon avait été paré une première fois
par Chayriguès qui tomba à terre sur le premier
tir de l'intérieur Olympien et n'était pas
relevé au moment du deuxième shot. Lucien,
froidement, dégagea en touche et, froidement,
attendit.
L'arbitre Slawick qui dirigeait le match
accourut et naturellement désigna le point
de pénalty.
Nous étions atterés. Etre si près du but
et échouer ! Car nous étions certains, avec
seulement neuf joueurs valides, d'être battus
s'il fallait jouer la prolongation. Au contraire,
dans le camp adverse, on jubilait. Mais,
le ballon placé sur le terrible point blanc,
les joueurs de l'Olympique discutaient. Qui
allait tirer le coup de réparation ? Il y
avait poourtant là des shooteurs de qualité,
Devaquez, Darques et Landauer, parmi les
avants, puis le demi Baron, plus tard spécialiste
remarquable, ainsi que les arrières Langenove
et Huysmans.
Alors Gamblin s'avança et dit à Devaquez
et Darques : "Voulez-vous que je tire,
moi ?" Devaquez répondit : "Tu
vas voir si on a besoin de toi !" Et
il shoota... dans la terre, tandis que le
ballon venait mourir devant Chayriguès qui,
les deux mains formant pelle, n'eut qu'à
le ramasser en disant : "Merci Julot
.!"
Remis en confiance, nous réussimes par une
folle dépense d'énergie à conserver le résultat
acquis alors que nos adversaires rageaient
de dépit et au coup de sifflet final notre
joie était sans limite. |
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