OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1938 OM Metz 2 à 1après prolongation

Archives Miroir des Sports
8 Mai 1938 Parc des Princes
OM bat Metz 2 à 1 (0 - 0, 1 - 1)


Arbitre Mr Munsch, 33044 spectateurs
Buts Kohut (49eme), Rohrbacher (84eme) Aznar (118eme)
OM Vasconcellos - Ben Bouali, Bruhin, Conchy - Bastien, Gonzales - Zermani, Olej, Zatelli, Aznar, Kohut
Metz Kappe, Zehren, Nock, Marchal, Fosset, Hibst, Rohrbacher, Hess, Muller, Ignace, Lauer
Article du Miroir des Sports 13 Mai 1938
L’ambiance de la finale de la Coupe de France 1938 fut très chaude, en dépit d’un vent du Nord qui avantagea tour à tour chaque équipe. Il est dommage qu’une finale aussi remarquable- la plus brillante des finales de Coupe de France auxquelles nous ayons assisté depuis plusieurs années se soit terminée par un incident.
Dimanche soir, tout le monde, joueurs, et spectateurs, avait tendance à oublier la qualité du jeu, l’ardeur de l’action, le marquage de Metz contrebalançant la souplesse et l’esprit d’initiative de Marseille, l’équilibre des forces en présence et l’intérêt constant de la rencontre, pour ne plus s’inquiéter  que de la question de savoir si le second but, marqué pour Marseille par Aznar était acquis ou non.
Pourquoi n’aurait-il pas été valable ? Parce que répondaient les joueurs messins et à leur suite une très grosse majorité du public favorable à l’équipe lorraine, le demi centre Fosset avait repoussé de la tête le ballon, alors que celui-ci n’avait pas franchi la ligne de but.En réalité, affirmaient les Marseillais, il y avait belle lurette que le ballon avait pénétré à l’intérieur du but lorsque l’action héroïque, désespérée et malheureusement trop tardive de Fosset se produisit.
Même les plus sportifs des messins ne s’inclineront pas volontiers devant le témoignage du juge de touche M. Capdeville, et ils peineront à reconnaître que le second but de Marseille était bel et bien acquis.
Du reste, le document photographique que nous publions ne prouve pas que le ballon a franchi la ligne blanche fatidique. Mais en plus du juge de touche, les deux spectateurs les mieux placés étaient MM Mesdach et Balway, président et vice-président de la Commission Centrale des Arbitres. Comme Metz a réclamé contre la validité du but, ils auront à donner leur opinion.Le directeur de jeu, le Mulhousien M. Moench, aborda la finale avec une mauvaise condition athlétique. On s’en aperçut au bout de quelques minutes de jeu lorqu’il commença à peiner pour suivre de près le déroulement rapide de l’action. Et sa décision subite d’accorder un penalty en faveur de Metz, et pour réprimer une soi-disant faute de main de Ben Bouali, frappa de stupeur tous les assistants.
Loin d’avoir volontairement touché, de la main ou du bras, le ballon, Ben Bouali, qui s’était interposé entre le Lorrain Muller et son gardien Vasconcellos, avait été plutôt bousculé par l’avant messin.Par bonheur, le demi centre Bruhin eut la présence d’esprit de conseiller à M. Moench de consulter le juge de touche le mieux placé, en l’espèce M. Conrié. Le président de la Ligue du Sud-Ouest fut très affirmatif et le penalty se transforma en une simple balle à terre.Metz débuta avec le vent favorable et domina aucun but ne fut pourtant réussi en première mi-temps. Si les lignes arrière continrent les avants marseillais, à l’exception toutefois du roux Nock, qui laissa plusieurs. fois filer Kohut, dans la ligne d’avants messine nul attaquant ne sus shooter.
En seconde mi-temps, la supériorité de Marseille fut beaucoup plus nette et plus exclusive que ne l’avait été celle de Metz pendant les 45 premières minutes.
Lorsque Kohut, ayant glissé de son poste d’ailier gauche vers l’intérieur gauche et même très près du centre, fut excellemment servi par une passe courte de Zatelli, et qu’il eut envoyé, raide comme balle, le ballon au fond des filets messins, le succès de l’O.M. parut définitivement acquis.
Il l’était encore neuf minutes avant la fin du match règlementaire, et déjà les dirigeants marseillais, assis au pied des gradins signifiaient à leurs joueurs, par l’intermédiaire des doigts des mains, d'avoir à durer encore une dizaire de minutes pour avoir le droit d’emporter la Coupe dans la cité phocéenne
Les Messins, sans se résigner à leur sort, donnaient l’impression qu’ils ne croyaient plus du tout à l’efficacité de leurs avants.
Tout à coup, sur une attaque de l’aile gauche, Rohrbacher, qui tenait dans l’équipe messine le poste de Kohut dans l’équipe de Marseille, se rabattit à l’intérieur gauche dans des conditions presque identiques à celles de son glorieux rival. Mis subitement et d’une manière inattendue en possession du ballon, il déclencha du droit, et non du gauche comme Kohut un shot qui, à la surprise générale, passa entre les mains du gardien brésilien Vasconcellos, par trop théatral.C’était l’égalisation ; c’était le retour de confiance  chez les Messins, un regain d’activité et la possibilité pour les Lorrains de gagner la Coupe !
L’équipe de Hibst, atteignit sans encombre la fin des 90 minutes et, pendant la prolongation de jeu d’une demi-heure elle se montra plus mobile plus fraîche et plus menaçante dans l’ensemble que celle de Marseille. Mais son manque d’efficacité se fit valoir de nouveau.
De nombreuses occasions furent gâchées, alors que Marseille, chaque fois, que les événements prenaient un tour favorable, jetait l’arrière –défense messine dans la plus grande perplexité.
Kohut fut fauché dans la surface mais l’arbitre laissa l’action se poursuivre et Kappe put se saisir de la balle.
Aznar, sur coup de tête, manqua une première fois le but de la victoire.
Il le réussit lorsqu’une seconde opportunité lui fut offerte.
Ainsi les deux juges de touche bordelais exercèrent sur le match une influence primordiale, puisque M. Conrié fit annuler un penalty en faveur de Metz et que M. Capdeville fit homologuer un second but pour Marseille.
Faut-il suspecter le directeur de jeu et ses aides ?
Pas le moins du monde, et pas un instant. Tout ce que l’on peut reprocher au juge de touche et principalement à M. Conrié, c’est d’avoir manifesté son étonnement, et même sa réprobation, contre telle ou telle décision de M. Moench .
Les dernières minutes du match furent extraordinairement mouvementées, non pas en ce qui concerne l’action sur le terrain de jeu, mais pour ce qui se passa aux abords . les 3.000 Lorrains venus encourager leur équipe jetèrent des centaines de coussins sur le champ de jeu 
L'OM avait quand même mérité son succès et il manifesta tout au long de la rencontre une supériorité technique sur les messins.
Dans l’équipe victorieuse, le gardien Vasconcellos fit preuve de beaucoup d’assurance, tant qu’il ne fut pas menacé sérieusement.Il se plaça bien, il capta tous les shots, et il avait l’air d’exercer une influence magnétique sur le ballon ainsi que sur les avants messins.
Lorsque, quelque peu menacé, il se mit à commettre des erreurs, il perdit contenance comme un enfant et il ne réussit plus rien de bon ; heureusement pour lui qu’il n’y avait pas de tireurs émérites ou même tout simplement exercés parmi les Lorrains.Des deux arrières,  Ben Bouali fut de loin le meilleur, bien qu’il n’ait pas reproduit le match extraordinaire qu’il fournit en demi-finale contre le Havre sur ce même terrain, du Parc des Princes. En tout cas, il resta « sport » et lorsque Vasconcellos, sur coup de coin en faveur de Metz, expédia le ballon dans les virages, Ben Bouali lui administra la plus démonstrative des réprimandes.
Le demi droit Bastien possède un dynamisme admirable, une extraordinaire volonté de bien faire et une action infatigable, quel dommage que chez ce joueur, le jugement ne soit pas à la hauteur des dons naturels,   Comme Gonzalès est surtout un arrière transplanté dans la ligne de demis et que Bruhin ne tint pas les leviers de commande comme d’ordinaire, les avants de l’O.M. ne furent pas servis comme d’habitude.
Zermani joua un match moyen et eut presque constamment le dessous dans son duel avec l’arrière messin Zebren. L’intérieur  Olej couvre beaucoup de terrain, mais son action est confuse et il alterne les opérations heureuses avec de sérieux passages à vide
L’autre intérieur, Aznar  est hors  de forme et surmené, il a grand besoin de repos .
N’empêche que c‘est à lui que Marseille doit sa victoire et on se sent un peu désarmé lorsqu’on nourrit l’intention de reprocher aux dirigeants du club d’avoir maintenu contre vents et marées Aznar dans l’équipe.
Les deux seuls avants de classe et en forme furent Kohut et Zatelli. Kohut fut, grâce à sa maîtrise du ballon, à la soudaineté de son démarrage et à l’excellence de son tir, le grand réalisateur de l’équipe, il marqua le premier but, fit marquer le second, et il fut à un doigt d’en réussir un ou deux autres, dans  des conditions très difficiles.
Zatelli, qui se plaignait de la grippe et qui, en effet, fut malade sur le terrain pendant la seconde mi-temps, joua néanmoins avec beaucoup d'élasticité et de finesse.
Il était si mobile dans ses actions qu’il contraignit plusieurs fois Fosset , plus lent, à user de moyens illicites pour arrêter ses percées.
Le retour à Marseille fut encore grandiose avec un défilé dans les rues de la ville.
Cette victoire allait être la dernière avant la guerre, même si l'OM allait disputer une finale perdue contre le Racing en 1940, juste avant le début des grandes hostilités.
L'action du match, le but controversé d'Aznar