OM Olympique de Marseille

6 Juin 1957 Finale Coupe Drago OM Lens 3 - 1

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Jean-Louis Léonetti, deux buts en finale à 18 ans
Jeudi 6 Juin 1957 au Parc des Princes
OM bat Lens 3 à 1 (0-0 )

Arbitre  Mr Devillers 7626 spectateurs
Buts Léonetti (54e et 80e) et Curyl (63e) Théo (84) 
OM Domingo, Gransard, Johansson, Palluch, Scotti, Molla, Rustichelli, Léonetti, Andersson, Marcel, Curyl, Entraineur : Robin
Lens Sowinski, Fiori, Kowal, Hassouna, Ziemczak, Louis, Wisnieski, Boury, Stiévenard, Théo, Jonsson Entraineur : Michlowski
Article L'Equipe du 7 Juin 1957

Les Traditions se perdent. La finale de la Coupe Drago, qui attirait naguère une affluence record et à l'occasion de laquelle on s'était battu, voilà trois ans (Reims-Lille) aux portes du Parc, s'est jouée, hier soir devant quelques milliers de spectateurs à peine
Il faisait très beau pourtant et l'affiche Lens-Marseille valait le dérangement.
Mais sans doute le public du football parisien s'est-il quelque peu saturé, à moins ce qui est fort plausible, qu'il se réserve pour le tournoi du Racing, la semaine prochaine, avec les illustrissimes vedettes Di Stefano, Kopa et compagnie.
Il faisait encore presque grand jour lorsque M. Devilliers sifflait le coup d'envoi. C'est Lens qui mettait à son actif la première offensive, déjà à la 6e minute, par son demi gauche Ziemczak dont le tir était stoppé de justesse par Domingo.
Le premier quart d'heure aux Lensois. Le jeu des Nordistes plus dense et plus précis que celui des Marseillais, obligeait souvent ces derniers à reculer en masse sur les attaques " sang et or " qui, fort heureusement pour les défenseurs de l'O.M., étaient généralement assez mal terminées.
A la 12e minute, sur rentrée en touche remarquable de Louis, reprise par Stievenard, Wisnieski, d'une balle de la tête, manquait de justesse de battre Domingo, par ailleurs, souvent alerté. Le premier quart d'heure était ainsi au très net avantage des Lensois, devant un O.M. assez inconsistant, mais cette domination demeurait platonique. A la 15e minute pourtant, sur contre-attaque, une bonne balle du jeune intérieur droit marseillais Léonetti était reprise par Andersson, de plein fouet, et Sowinski avait toutes les peines du monde à la bloquer en se couchant sur la ligne.
Les joueurs marseillais, ainsi d'ailleurs qu'une partie du public, réclamèrent même le but, mais l'arbitre M. Devillers , en jugea autrement.
Le match s'animait, devenait plus équilibré et, tout à tour, les deux gardiens étaient alertés, Domingo par Théo (17e) et Sowinski, sauvé par la barre (28e), sur tir d'Andersson.
A la 20e minute de jeu, on allumait les projecteurs. Lens en profitait pour reprendre sa domination après une courte  flambée marseillaise et, à la 24e minute, une tête de Boury sur la montée de Ziemczak était de nouveau stoppée par Domingo, le meilleur homme de l'O.M. en ce début de match.  Mais celui-ci était moins que passionnant, l'emprise nordiste étant passablement monocorde sans beaucoup de tirs  et le réplique sudiste assez peu convaincante.
Pourtant, sur contre-attaque de Marcel, Rustichelli plaçait un excellent tir sur la transversale à la 34e minute : c'était la meilleure action marseillaise depuis le début de match et aussi ... le meilleur tir !Sur tous les essais lensois, Domingo se montrait toujours excellemment placé et, à la 39e minute, le gardien de l'O.M. stoppait remarquablement un long tir tendu et très précis de Ziemczak. 
A la 43e minute, le jeu était interrompu quelques instants pour blessure de Palluch, qui reprenait néanmoins sa place. Et peu d'instants avant le repos, Domingo, encore lui, allait rechercher la balle dans les pieds de Jonsson.Durant la mi-temps, les commentaires étaient aussi peu passionnés que le match lui-même :
Ni la stérile domination lensoise, ni les contre-attaquants de l'O.M. plus percutantes, mais très épisodiques, n'avaient réussi à enflammer l'enthousiasme d'un public assez détaché... des événements et goutant davantage la douceur de la soirées que les charmes de cette rencontre très arrière-saison ! 
Dès la reprise, pourtant, Sowinski avait à stopper un tir appuyé d'Andersson. Le jeu se poursuivait avec les mêmes caractéristiques qu'en première période. Le meilleur jeu collectif des Nordistes allait-il enfin être matérialisé ? On le crut, lorsque, sur un excellent tir du gauche de Théo, la balle alla s'écraser sur la transversale (50e). Puis trois minutes plus tard, le gardien de l'O.M.  était à nouveau sauvé miraculeusement par la barre sur une tête de Jonsson...
Mais à peine passées ces deux alertes terribles, la contre-offensive marseillaise se déclenchait. Et le jeune inter droit Léonetti, après un excellent dribble, plaçait la balle dans les filets lensois (54e), hors de portée de Sowinski. Ainsi, Marseille menait-il à la marque contre le cours du jeu.
Cette réussite marseillaise, nullement usurpée d'ailleurs, apportait quelque piment au match. Les joueurs marseillais, encouragés par leurs succès, forçaient l'allure et, à la 62e minute, un centre de la droite de Léonetti était repris par Marcel qui remettait la balle au centre, Curyl, reprenait de la tête et Sowinski était battu pour la deuxième fois en huit minutes.
L'équipe lensoise, un moment décontenancée par la tournure que prenaient les évènements, repartait pourtant à l'attaque et, à la 67e minute, un centre-tir de Jonsson était stoppé en voltige par Domingo.
Peu après, d'ailleurs, un bolide de Curyl ratait la transversale lensoise. puis Jonsson se faisait rabrouer par Théo pour avoir manqué un tir facile (72e). Ces deux occasions manquées illustraient un jeu lensois assez partagé.
Mais tandis que les attaquants lensois ne parvenaient pas à tromper Domingo, Marseille, de plus en plus entreprenant, allait consolider son avance par un très joli troisième but amorcé par une belle action de Scotti sur l'aile gauche et dont le centre était repris par Léonetti sans aucune chance pour Sowinski (80e).
Pourtant, les Lensois allaient recevoir une légère compensation à la 84e minute sous la forme d'un but de Théo, marqué du gauche sur  la tête  de Jonsson, puis un peu plus tard Domingo stoppait de justesse sur sa ligne un essai de Louis..
L.O.M. beaucoup plus réaliste.Mais le match se terminait sur un succès incontestable de l'O.M., qui, après avoir débuté faiblement, avait terminé à bonne allure, sur sa lancée victorieuse, et surtout bénéficié d'une attaque beaucoup plus incisive que celle des Lensois.
Ceux-ci contrôlèrent le jeu pendant un bon moment, mais avec leur rythme traditionnel et uniforme. Leurs avants, très inégaux, ne purent jamais prendre en défaut un Domingo étincelant.
Il est écrit que le RC Lens deux fois de suite second du Championnat, ne pourra jamais enlever une distinction officielle
Tandis que l'O.M., six fois vainqueur de la Coupe de France, aura fait ses choux gras cette saison.... de la Coupe Drago.
Meilleurs joueurs  à l'O.M. : Domingo, Léonetti et, pour sa deuxième mi-temps, Curyl.  A Lens : Kowal, Ziemczak et Théo parmi un ensemble assez inégal.