L'O.M., le vieil Olympique de Marseille, six fois vainqueur de la Coupe
de France, champion en 1937, à nouveau champion de France en 1948, est
en pleine crise.
Une crise qui dure depuis sept ans, mais dont l'importance n'a cessé de
s'accroître pour atteindre son paroxysme cette année d'autant plus que
l'O.M. est lanterne rouge du championnat et que son "âme" R.
Scotti vient de prendre sa retraite.
Cette crise est due à la rivalité de deux hommes :
Le président actuel de l'O.M. (non reconnu par la Ligue Nationale) M. Zaraya
et le président de la Ligue Nationale et ex-président de l'O.M. : M. Dancausse.
Cette dualité sur laquelle on pourrait écrire un roman débuta en 1949...
avec la création de Marseille II.
Champion en 1948 avec le Bihel, Bastien, Sauveur Rodriguez, Scotti, Aznar,
Dard, Robin, Salem, Libérati, Fontaine, Pironti, Nagy et martin etc...
L'O.M. effectua une excellente saison 1949 avec approximativement le même
effectif.
Le stade vélodrome était plein tous les dimanches. Le Tout-Marseille sportif
bouillonnait. Dans les cafés de la Canebière, du Vieux Port, du quai Belzunce
le football était le centre de toutes les conversations. |
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Devant cet engouement, M. Dancausse alors président de l'O.M. facilita
pour la saison 1949-1950, la création d'un second club pro à Marseille
qui fut appelé Marseille II. Pour sa première saison il obtint une excellente
sixième place derrière Nîmes et le Havre.
La deuxième saison fut catastrophique. |
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Marseille II s'installa rapidement à la dernière place, subit une dernière
défaite à Paris, face au C.A.P. avant de déposer le 13 décembre 1950 son
bilan.
Pourtant deux mois avant cet abandon, on avait fait appel à un important
négociant en légumes secs pour tenter de redresser la barre. C'était M.
Zaraya . Le "trou" financier ne lui fit pas peur. M. Zaraya était
prêt à le combler.
Il n'eut pas bourse à délier car "Marseille II" fut contraint
à l'abandon par la suppression de ses équipes amateurs.
Vous n'ignorez pas que pour participer au championnat "pro" une
équipe doit posséder une section amateur. Lors de la création de "Marseille
II" M. Dancausse mit à la disposition du néo-pro les équipes amateurs
du Crédit Lyonnais dont il est le directeur à Marseille. Quand M. Zaraya
prit les rênes du club, elles furent retirées et reprirent leur ancienne
appellation. |
Ce qui n'empêcha pas M. L.-B. Dancausse d'abandonner la présidence de l'O.M.
l'année suivante.
La venue à Marseille des Suédois Anderson (trois années consécutives, premier
buteur de France) Johansson, le retour en France de Larbi Ben Barek permirent
à l'O.M. de faire bonne figure en championnat et de n'échouer en 1953-1954
qu'en finale de la Coupe battu 2 à 1 par l'O.G.C.C. Nice.
En 1955, M. Rivière devint président de l'O.M. succédant au "Comité
des Cinq" auquel appartenait MM Robin et Bicais. Mais en fait, c'est
M. Zaraya qui dirige l'équipe "pro". Seulement il le fait officieusement
n'ayant pas de carte de dirigeant. Tandis que M. Dancausse est élu président
de la Ligue Nationale (alors groupement) en remplacement de M. Nicolas
démissionnaire.
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Au début de la saison dernière, cependant des supporters impatients réclamèrent
le renforcement de l'effectif phocéen.
C'est alors que survint M. Bettini un ancien coureur cycliste qui se trouvant
à la tête d'un groupe financier mettait à la disposition de l'O.M. 100
millions.
Dans des déclarations tapageuses M. Bettini parla de faire revenir "l'italien"
Bonifaci et "l'espagnol" Kopa. Rien que ça.
Cependant l'équipe de Marseille effectuant une bonne fin de saison termina
sixième et afin de ramener quelque chose sur la Canebière s'intéressa à
la Coupe Drago qu'elle enleva par 3-1 devant Lens.
Et c'est de là que pour Zaraya commencèrent de nouveaux ennuis. Alors qu'au
mois de juin M. Zaraya effectuait avec l'O.M. une tournée en Roumanie,
à Grenoble se déroulait l'Assemblée générale de la Ligue. |
Les représentants de l'O.M. M. Alfieri en tête avouèrent que M. Zaraya
avait doublé la prime des joueurs après leur succès. C'était illégal. L'O.M.
fut condamné à verser une amende d'un million et M. Zaraya se vit refuser
sa carte de dirigeant.
Depuis le début de la saison, le club est en plein "baccarat".
Les blessures, la grippe se joignent à la crise morale. Découragé, Roger
Scotti l'inébranlable, a abandonné le professionnalisme.
Et le dimanche 3 novembre devant 8.000 spectateurs, l'O.M. battu par Béziers
se retrouve dernière du championnat pour la première fois de sa carrière.
Il n'y a pas à s'affoler Avec son effectif actuel l'équipe marseillaise
peut obtenir d'excellents résultats -elle l'a prouvé.
Il est vraisemblable que la crise, se dénouera lors de l'Assemblée générale
de l'O.M. prévue pour le 28 novembre.
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Qui triomphera de M. Zaraya ou du groupe des anciens olympiens de l'Amicale
des "Crampons" de M. Etchepare Constant, Alfieri etc... dont
M. Dancausse a dit : "Je suis leurs efforts avec sympathie" ?
Peut-être "l'homme aux cent millions" : M. Bettini qui, paraît-il
il travaille sans bruit mais activement ? |
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Plus que ses six victoires en Coupe. Plus que ses deux titres de champion,
le titre de gloire de l'O.M. est d'être le seul club français a avoir toujours
joué en 1e Division en 25 ans de professionnalisme.
Il serait dommage que pour son 65e anniversaire le club provençal connaisse
l'humiliation de la descente. |
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