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Les jours se suivent...
La rencontre Sète-Marseille, samedi, en Coupe de France, a été l'inverse
de celle qui avait mis aux prises, six jours auparavant, les deux équipes,
pour le titre de champion du Sud-Est. A Marseille, l'O.M. avait eu la partie
en mains pendant presque tout le match, et son succès se chiffra par 3
à 1. A Buffalo, Sète joua gagnant quasi continuellement, et sa qualification
pour la finale s'enregistra par un résultat de 3 à 0.Comment expliquer
ce renversement de situation ? Tout le monde croyait à la victoire de l'
O.M.? les joueurs marseillais y compris. Dans le club trois fois vainqueur
de la Coupe, la confiance régnait : les anciens : Boyer, Devaquez, Gallay,
Durbec, Jacquier, voulaient par un coup d'éclat, prouver que leur carrière
n'était pas achevée. |
Chez les Sétois en revanche, le moral n'était pas très élevé au début de
la semaine, lorsqu'on s'installa à Brunoy.Mais cinq jours de vie très saine
(lever, 7 heures ; coucher 22 heures, repas à heures régulières, grand
air et sobriété) rendirent aux muscles leurs fraîcheur, à l'esprit d'équipe
et à l'optimisme un niveau satisfaisant : On aborda la demi-finale avec
courage.
Le public, riche de 23.000 personnes (recette : 257.000 francs), escomptait
la qualification des Marseillais, et il prit comme toujours le parti de
celui qu'il estimait le plus faible. Sa faveur fut un stimulant supplémentaire
pour Sète, qui, gagnant le tirage au sort, commença avec le soleil et le
vent dans le dos, s'installa dans le camp marseillais. |
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Sete imposa, dès l'abord, sa supériorité technique, ainsi que ses courtes
passes rapides d'homme à homme.
Je me disais, attendons ; l'étreinte va se deserrer. Que le ballon parvienne
aux trois vedettes de la ligne d'avants marseillaise, et le spectacle du
dimanche précédent va se renouveller.Il n'en fut rien. Devaquez, qui fut
rarement et mal servi, ne prit pas le dessus sur Féjean ; quant à Boyer
et à Gallay, ils trouvèrent devant eux un Skiller qui joua en grand footballeur.
L'Anglais naturalisé Français excella à tous points de vue : par la sûreté
et l'à-propos des interventions, la décision de jeu, la puissance des dégagements
dans le terrain, le sens de la place.
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La maîtrise de Skiller, l'allant de Cazal et de Féjean, l'ardeur un peu
désordonnée de Dubus, disciplinée de Beck, redevenu le grand animateur
de la ligne d'attaque ; l'action utile de Friedmann, qui intercepta maints
dégagements adverses ; un allant indomptable de tous ; telles furent les
qualités qui permirent à Sète de dominer la situation. Le football frais,
jeune, plein d'élan du "onze" de M. Bayrou, samedi, succédait
au jeu fané du dimanche précédent. L'Olympique de Marseille, entré sur
le terrain pour prendre la direction des opérations, se voyait dominé et
contraint à la défensive Au lieu d'imposer sa cadence, il subissait celle
de l'adversaire ; loin de procéder par ces grands déplacements de jeu qui
font sa force. |
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Il était cerné par ces mouvants et courts parallélogrammes de force que
traçaient, autour de leurs adversaires, les Beck, Lucibello, Cazal, Friedmann,
Dubus, Stefanovitch, Féjean.L'équilibre des forces demeura cependant intact
jusqu'à neuf minutes de la fin réglementaire du match. Les arrières Durbec
et Jacquier, le demi-centre Colnago, le gardien Allé y eurent un grand
mérite, de même qu'en première mi-temps le demi-droit Durand, qui sauva,
par un de ces coups de ciseaux acrobatiques de grande classe dont il a
le secret, un but tout fait de Dubus.Le match était dur, passionné, en
perpétuel changement de direction et d'allure, acharné, des groupes ou
des grappes de joueurs se disputant sans cesse devant un public emballé. |
On pensait déjà aux prolongations, d'autant plus qu'un penalty, dû à une
faute de bras de Jacquier, avait été botté sur la barre transversale par
Dubus, et que le même avant-centre, prolongeant la course du ballon en
une autre occasion, l'avait enlevée juste au-dessus du but. C'est alors
que la chance, jusque-là défavorable aux Sétois, se décida à leur sourire. |
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Sur une passe venue de Friedmann et transmise, par Beck, Dubus qui avait
le dos au but, descendit le ballon à terre, fit demi-tour et botta sec
dans le coin droit des filets. Le souple Allé donnait l'impression d'être
maître du ballon : en réalité il le laissa échapper. Le but était acquis,
la victoire aussi. Sète repartit d'un puissant élan et se cantonna de nouveau
dans le camp marseillais. Allé était découragé. |
Ne croyant plus au succès, il fut battu par un shot bien placé mais pas
très rapide de Beck.
C'était le deuxième but. Il restait cinq minutes à jouer.
Deux minutes avant la fin, Dubus couronna son oeuvre en obtenant, sur une
passe prolongée, le troisième but, Marseille ne se défendait plus : Colnago,
blessé, avait été emporté du terrain...
Le Football-Club de Sète s'est pleinement réhabilité, samedi, des récentes
performances, individuelles et d'équipe de ses joueurs.
Il a renoué la chaîne du club vainqueur de Mulhouse et qui semblait avoir
été brisée.
Samedi, la technique la stratégie, le moral, tout y était. . |
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Skiller fut le rempart de la défense :
Beck , le déclancheur et le redresseur d'attaques :
Dubus, le réalisateur.
Mais il serait injuste de laisser dans l'ombre Frondas, Cazal, Stefanovitch,
Féjean, Friedmann, Lucibello même
Qu'est-ce qui a perdu Marseille ?
Je le déclare tout net ; ce sont, en plus d'un excès de confiance initial,
les deux intérieurs Allies et Alcazar, qui ont joué avec un courage superbe,
mais aveugle. Ils se sont dépensés en pure perte ; ils n'on été utiles
ni à leur défense, qu'ils gênaient, ni à leur attaque, qu'ils n'approvisionnaient
pas et qui était réduite à trois unités . Ces deux jeunes footballeurs
ont cherché en vain la bonne place à occuper ; les anciens auraient bien
pu les conseiller un peu.. |
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