OM Olympique de Marseille

L'OM en crise après la défaite contre Nantes au Vélodrome

25 Octobre 1996 Stade Vélodrome Nantes bat l'OM 1 à 0 (0 - 0)
Arbitre Mr Duhamel 19000 Spectateurs

BUT DA ROCHA (86')

OM KOPKE, JAMBAY, MALUSCI, GALTIER, MAKIN, ECHOUAFNI, LETCHKOV (ASUAR 80' puis BEN SLIMANE 86'), PEDROS, GRAVELAINE (LIBBRA 80'), CASCARINO Entraineur GILI
NANTES LANDREAU, CHANELET, CAPRON, DECROIX, PIGNOL, MAKELELE (LEROY 81'), FERRI, GOURVENNEC (SELLIMI 88'), SAVINEAU, N'DORAM, DA ROCHA (LE DIZET 87') Entraineur SUAUDEAU

Il et 19 heures quand le car des joueurs marseillais arrive au Vélodrome pour le match de la 14e journée de Championnat OM-Nantes.
Déjà, l'ambiance est pourrie : une alerte à la bombe dans les locaux de France 3 oblige les joueurs à accomplir les trois cents derniers mètres à pied, jusqu'au parking derrière le vestiaire où s'échauffe un comité d'accueil haineux.

" Ce n'était pas des insules mais des menaces, précise Gérard Gili, et il y a eu la trouille, la peur physique, celle qui paralyse. On voit ça en Grèce en Coupe d'Europe.
Là, ils l'ont fait contre leur propre équipe."
Cibles des attaques, Gravelaine, Pedros et Letchkov, les "stars" pénètrent blêmes sur la pelouse.
Avant même de jouer, l'équipe s'est liquéfiée :
Le match ne sera qu'une sucesion d'imprécisions, de longs centres vains, de contrôlés manqués.Sous les banderoles hostiles, l'OM n'ose pas et Nantes profite opportunément d'un penalty non sifflé pour marquer en contre. Hués, Letchkov et Gravelaine, transparents, sortent du terrain.
Affrontements avec la police à l'extérieur du stade, insultes, menaces, journalistes bousculés...
Les joueurs marseillais son pris en otages dans leur vestiaire et n'en sortiront que près de deux heures plus tard.
Dans la cohue, la peur se mêle à la stupéfaction -"Ca n'est jamais allé aussi loin"-et à la colère -"Ca devait arriver... Ils n'ont rien à faire ici et pourtant on les croise depuis toujours..."
Jean-Michel Roussier, le directeur général, tente de calmer les esprits et promet "des mesures rapides car la ligne jaune a été franchie".
Robert Louis-Dreyfus, le futur président, déambule et précise qu'il passera voir les joueurs et les cadres dans la semaine.
Gérard Gili est abattu. Xavier Gravelaine part sous protection en compagnie de sa femme en larmes. Lamentable.

"Des supporters, par leur attitude, ont marqué un but contre leur camp", écrit André de Rocca dans le Provençal. Alors que les joueurs tentent d'oublier pendant ce week-end de repos et que Jean-Michel Roussier, Marcel Dib et Gérard Gili tirent le bilan, Marseille parle.


Le verbe retrouve de la hauteur.
Au stade de l'Huveaune, ancien terrain des Olympiens appelé à disparaître prochainement, "Dédé" Tassone, un ancien du club jubile avec ses potes.
C'est l'OM d'hier qui s'amuse, celui d'avant Tapie.
Pêle-mêle : Di Falco, Bracci, Flak ou Casoni.
Au bord du terrain, on "tombolate", on encourage et, entre deux buts, on parle de la veille. Certains y étaient, tous ont leur mot à dire. "Moi je suis parti dès que Nantes a marqué. Quand j'ai vu les foulards et les écharpes remontés, j'ai compris.
On trouve que les jeunes sont allés trop loin mais on ne pardonne rien aux stars qui ne savent pas ce que c'est l'OM.
Toute la France nous regarde et ils ne font rien." Les phrases ont la saveur provençale mais les mots font mouche et les oreilles de Xavier Gravelaine sifflent.
"Mais ici, c'est comme ça : il faut gagner mais il faut le spectacle. Moi, aux boules je suis obligé d'en rajouter, sinon les gens s'en vont. Ca me fatigue, souvent pour rien, mais le football c'est pariel. " Alors que le club est en pleine transformation, Marseille se lave des débordements de la veille dans un bilan de nostalgie.
Pour Bernard Casoni : "Les joueurs ont peur mais ils doivent apprendre.
Les supporters marseillais ont toujours mis la pression. " Quant à savoir si l'ex-stoppeur phocéen pourrait apporter son expérience d'ancien : "Mais je ne les connais pas les joueurs. Je ne passe qu'une fois par semaine pour les copains, sinon je m'occupe de mes jeunes."
"La vraie raison du malaise vient des résultats, mais aussi de la normalisation du club.
Le contentieux avec les supporters a débuté il y a quelques mois.
Certaines associations, tellement sûres d'être propriétaires de l'OM, exploitaient commercialement l'image du club.
C'est fini.