Mais revenons à 1958 et à cette terrible saison de la déchéance... Ainsi
renforcé à grands frais, l'OM, dont le capitaine Jean-Jacques Marcel venait
d'accomplir une très brillante Coupe du monde, semblait appelé à un grand
destin. De fait, le premier match de la saison vit Nice, futur champion,
s'incliner au Stade Vélodrome (2-0). Mais ce chant du coq, hélas ! Était
(déjà) le chant du cygne d'une formation inconstante et sans cohésion,
qui n'était qu'au début d'un long et douloureux chemin de croix. On allait
s'apercevoir, mais un peu tard, qu'un Scotti ou un Andersson ne se remplacent
pas du jour au lendemain et qu'il ne suffit pas d'aligner des noms pour
bâtir une équipe. |
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L'OM avait remporté sous la présidence de Saby Zaraya la Coupe Drago en
1957, ancienne Coupe de la Ligue professionnelle. |
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Vingtième et dernier ! Pour la première fois de son histoire, non pas dans
l'indifférence, mais dans une atmosphère d'émeute, l'OM était relégué en
Deuxième Division, alors qu'il était le seul club à n'être jamais descendu
depuis l'instauration du professionnalisme en 1932 Insulté, molesté, Saby
Zaraya payait pour la maladresse de Tillon, les blessures à répétition
de Fischbach, le cafard d'Eschmann et le je-m-en-foutisme de quelques autres. |
On crevait les pneus de sa voiture, on y mettait le feu, pendant que Louis
Maurer, toujours placide mais les yeux de plus en plus écarquillés quand
même venait s'enquérir auprès du journaliste Louis Dupic : "Dites-moi,
cher ami, vous pourriez peut-être éclairer ma lanterne... Chaque fois que
je monte un exercice à l'entraînement, certains de mes joueurs usent d'une
expression dont le sens m'échappe. Ils disent "Oh ! fan... !"
Mais qu'est-ce que ça veut dire : "Oh ! Fan..."? |
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Voulant tout à la fois remonter très vite en D1 et faire payer à ses joueurs
le prix de leur incurie, Saby Zaraya conserva pratiquement tout son effectif,
à l'exception de Maurer, qui s'était enfui le plus loin possible, et de
Jean-Jacques Marcel, passé chez le voisin toulonnais nouvellement promu.
En pure perte. Après un bon départ, l'OM gâcha ses chances et se fondit
dans l'anonymat des sans-grades. Cette fois, il fallait vendre et descendre
encore une marche...
Par le fruit de ces transferts Saby Zaraya aurait alors pu se rembourser
et partir. Il ne le fit pas, fort heureusement pour le club, qui n'y eût
vraisemblablement pas survécu. En regard d'un passif douloureux, on portera
le fait à son crédit. |
De même que son incapacité totale à mentir, particularité rare et éminemment
sympathique à nos yeux, constituant cependant un défaut dans sa cuirasse
de président. René Voléry journaliste au Méridional, racontait de plaisante
façon comment il vérifiait alors ses informations sur les transferts :"Il
suffisait d'appeler M. Zaraya au téléphone et de lancer un nom. S'il poussait
des hurlements, l'information était fausse. S'il disait :"Je ne peux
pas vous répondre", c'est qu'on avait mis dans le mille...."
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à suivre dans La Grande Histoire de l'OM d'Alain Pécheral |
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