"Bonjour ! Vous êtes M. Zatelli ?
- Oui.
- Ah, bien. Je m'appelle Marcel Leclerc. Il se pourrait que je prenne en
charge l'OM...
- Ah ?
Assis sur le banc de touche d'où il suivait le match clôturant la séance
d'entraînement, le coach avait à peine regardé son interlocuteur. Il avait
même omis de se lever pour lui serrer la main. Il est vrai qu'en cette
période troublée, un certain nombre de squales tournaient autour du club
agonisant, sur la dépouille duquel, pourtant, il n'y avait plus rien à
rogner. Le nouveau venu, cependant, insistait pour prolonger le dialogue
d'une voix plus onctueuse que celle d'un séminariste.... |
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"Et dites mois, M. Zatelli; quelle place peut selon vous briguer cette
équipe ?
- Cette équipe-là ?
- Oui.
- Ecoutez, ce n'est pas difficile : nous avons terminé cette année 14es
sur 16. Avec la même équipe nous serons 15es. Peut-être 13es. Au-delà,
je ne garantis rien...
- Mais c'est très inquiétant ce que vous me dites-là... Et que faudrait-il
à votre avis pour jouer la montée ? "
Cette fois Mario avait dévisagé le visiteur et compris qu'il ne s'agissait
pas d'un simple curieux. Même si sa dernière question était pour le moins
insolite. Réponse :"Il faudrait cinq ou six joueurs, des hommes d'expérience,
il faudrait aussi de la chance..." |
De la chance ? Cela tombait bien. Marcel Leclerc, comme Mario Zatelli (en
dépit des apparences), en avait toujours eu...
C'est ainsi que commençait, pour l'OM, la plus extraordinaire des aventures.
La plus fulgurante aussi, le ait ne doit pas être oublié. Six ans seulement
séparent la venue de l'Ajax de celle de Forbach ! Six ans durant lesquels
l'OM allait tout bousculer que son passage : l'accession menée à bien en
douze mois , une septième victoire en Coupe, un tire de champion, l'Europe
avec ses inoubliables rendez-vous contre Gornik et l'Ajax... Tout cela
en six ans donc, la septième saison débouchant sur un non moins mémorable
doublé !
On pense ici à l'irrésistible ascension de Bonaparte, affirmant sur le
trône :"On ne monte jamais si haut que lorsque l'on ne sait pas où
l'on va ..." |
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Qui en effet aurait pu deviner, à l'été 1965, le fabuleux bonheur qui attendait
l'OM ? Personne, assurément, pas même Marcel Leclerc ni Mario Zatelli,
indissociables ordonnateurs de ce prodigieux septennat.
Indissociables a posteriori, mais pas vraiment inséparables durant cette
marche vers le succès, le premier infligeant à l'autre d'étonnants camouflets
en l'éloignant à trois reprises de son poste d'entraîneur de l'équipe pro,
alors même qu'il venait d'assurer la montée en Première Division (1966),
d'être champion d'automne (décembre 1970) et d'accomplir le double (1972)...
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à suivre dans La Grande Histoire de l'OM d'Alain Pécheral |
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