José Anigo, est-ce que l'on peut travailler sur un projet à long terme à Marseille ?
Je l’ai déjà vécu avec Pape Diouf.
Nous avions construit là aussi un projet à long terme. Nous étions partis d’une situation précise, où financièrement et sportivement,
il fallait se reconstruire. Nous avons mis trois ou quatre ans pour construire une équipe avec Niang, Ribéry, Pagis, où on luttait pour
les premières places. On a même terminé deuxième avec Albert Emon comme entraîneur. Il vaut mieux d’ailleurs s’appuyer sur
quelque chose de cohérent et d’ambitieux au départ, sans savoir si tu vas y arriver au final que le contraire.
Et cette fois, avez-vous pris les choses par le bon bout en commençant par recruter des jeunes ?
Sur les jeunes, je suis clair. Ils ont besoin d‘être encadrés par des gens
d’expérience. Sinon ça ne pourra jamais marcher. Il faut trouver la bonne
alchimie entre les jeunes et les anciens et que les anciens jouent leur
rôle à fond. Ce qui n’est pas toujours le cas car il peut y avoir de la
concurrence entre eux. Il faut trouver le bon dosage. Cela n’a pas été
simple au début mais aujourd’hui on revient à des choses plus équilibrées
et ça devient cohérent.
Donc ce n’était pas une erreurde recruter quatre jeunes espoirs du football français?
Non, on encense toujours Arsenal parce qu’ils prennent des jeunes, toujours
deux-trois, pas plus. Nous, nous avons voulu faire quelque chose de différent.
Nous avons voulu prendre les meilleurs jeunes pour les préparer et les
faire grandir pour l’avenir.
Parce que le fair-play financier va être mis en place en juin. Il faudra
d’ailleurs qu’on l’explique très clairement un jour. Dans ce cadre, tu
ne pourras dépenser que ce que tu rentres en recettes, une fois que tu
as sorti les dépenses de fonctionnement pour pouvoir
travailler. Alors aujourd’hui, même si un repreneur arrivait en voulant
mettre 500 millions sur la table, il ne pourra toujours utiliser que ce
qui est autorisé.
C’est pour ça qu’on a mis un programme sur deux, trois ans, et qu’il faudra s’y tenir. On sait que la patience n’est pas la vertu première des Marseillais mais pour réussir, il leur faudra bien admettre que c’est le seul chemin à suivre. |
C’est la première étape. Mais quid de vos cadres ? Vous allez devoir tout remanier cet été ?
Cet été, on devait perdre beaucoup de monde et on a finalement gardé la totalité de nos cadres, les Nkoulou, Mandanda, Valbuena. Alors certainement qu’au mois de juin, il y aura des départs mais peut-être pas autant que ce que l’on veut bien le prédire.
Parce qu’il faut se mettre à la place des clubs aujourd’hui, il y a des joueurs chez nous qui ont trente ans, ils seront invendables deux ou trois ans plus tard.
Beaucoup de clubs réfléchissent. Cela réduira les possibilités
N’avez-vous pas regretté de nepas vous être séparés de ces anciens plus tôt ? Cela ressemble à’année de trop pour Nkoulou...
Quand c’est l’année de trop, on ne le sait qu’après. Mais quand on a démarré
la saison, tout le monde était d’accord pour dire qu’il fallait les garder.
Aujourd’hui on crie au loup mais je continue de penser que ce sont de bons
joueurs utiles pour l’OM. En revanche au mois de juin, il ne faudra pas
se tromper, pour eux et pour nous
Vous entamez une période cruciale ?
Oui ce sera une période délicate. On arrive à une période charnière de
la vie du club, entre nos jeunes qui auront un an de plus ici, qui auront
compris le club et l’environnement et derrière il ne faudra pas se tromper
sur le recrutement.
Ce n’est jamais simple...
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C’est une nécessité d’être en Ligue des Champions quand on s’appelle l’OM ?
C’est mieux mais ce n’est pas vital pour le club aujourd’hui. C’est nécessaire sportivement pour sa progression, point.
On a pourtant toujours l’impression que c’est le chaos à l’intérieur...
Si on a l’impression que c’est chaotique, c’est peut-être qu’on n’est pas
bon dans la communication. Non, ce n’est pas le chaos.
Est-ce que tout va bien ? Pas forcément quand les résultats ne sont pas
là, mais de là à dire que c’est le chaos, franchement il y a une marge
énorme. Les joueurs s‘entendent bien, les gens vivent bien ensemble, le
staff médical et sportif, aussi. En face du sportif, au bâtiment administratif,
le club vit et travaille.
Les gens ne veulent pas le voir mais le club a progressé, les installations ont poussé, l’équipe a atteint de manière régulière les objectifs de Ligue des Champions. Le club est debout.
Pourtant, on l’a l’impression d’une certaine désaffection de la part des supporters...
Il y a des raisons financières qu’il ne faut pas négliger et les travaux du stade aussi qui ont beaucoup pesé ces dernières saisons. Mais les supporters restent une composante du club qu’il ne faut jamais occulter, ni négliger.
Historiquement c’est un club qui a toujours eu des supporters très exigeants.
Ce n’est pas une petite affaire que de composer avec eux car ils connaissent le jeu, les joueurs, et l’esprit qu’on doit avoir dans ce club. Il y a un esprit à l’OM, c’est toujours vrai |
Albert Emon, le retour |
Il est revenu à la surprise générale cet hiver. Mais c'est un peu comme
s'il n'était jamais parti : entre Albert Emon et l'Olympique de Marseille
l'histoire est tumultueuse mais la passion est réelle. Joueur de l'OM pendant
neuf saisons, le natif de Berre-l'Étang s'est ensuite taillé une solide
réputation de « pompier de service » sur le banc du club marseillais. Entraîneur
par intérim en 2000, 2001 et 2004, Emon a toujours répondu présent lorsque
le club faisait appel à lui. Un homme de l'OM, comme José Anigo. C'est
donc presque logiquement que l'ancien entraîneur d'Ajaccio a répondu aux
sollicitations de l'actuel technicien de l'OM pour occuper le poste d'adjoint.
L'objectif : apporter de la stabilité et avoir une meilleure main mise
sur le groupe.
Le président Vincent Labrune s'était d'ailleurs exprimé au moment de la
venue d'Albert Emon.
« L'OM avait la volonté d'étoffer son staff, qui n'est pas très fourni, avec un adjoint supplémentaire , a expliqué le président du club marseillais.
Cette réflexion date de la mi-novembre et elle était partagée par Élie
Baup et José Anigo. En accord avec Élie, nous avions reçu son candidat,
Pierre Barrieu, mi-novembre, et étudié d'autres dossiers. José souhaitait
prendre Albert Emon depuis le départ en tant qu'adjoint », avait alors
expliqué le président du club olympien sur RMC.
José Anigo-Albert Emon : les deux hommes aiment l'OM. Gageons que ce duo
s’avérera être un ticket gagnant comme il avait su l'être il y a dix ans
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