12Juillet 1998
La France bat le Brésil 3 buts à 0 (2-0 )
à St.Denis, Stade de France
Buteurs:
Zidane (27eme, 45eme), Petit 90eme
FRANCE: Barthez - Thuram, Desailly, Leboeuf, Lizarazu - Deschamps (c),
Karembeu (56eme Boghossian), Petit - Zidane, Djorkaeff (74eme Vieira) -
Guivarc'h (66eme Dugarry)
BRESIL: Taffarel - Cafú, Baiano, Aldair, Roberto Carlos - C.Sampaio (57eme
Edmundo), Leonardo (46eme Denilson), Dunga (c), Rivaldo - Ronaldo, Bebeto |
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Jean-Jacques Vierne France Football
Avant le match, les Brésiliens ne paraissaient pas plus rassurés que cela.
Pour la première fois, il ne s'étaient pas échauffés sur la pelouse mais
à l'intérerieur des vestiaires. Et ils s'étaient livrés à ce qu'on soupçonna
d'abord être une petite guerre psychologique en annonçant dans un premier
temps un onze de départ privé de Ronaldo (remplacé par Edmundo), avant
de rectifier dix minutes plus tard.
Il est vrai que c'est la première fois qu'ils jouaient vraiment à l'extérieur
même si dans les tribunes du Stade de France les taches jaunes et vertes,
pour minoritaires qu'elles soient, ne passaient pas inaperçus. |
Mais sans doute se trompait-on, et Ronaldo, qui ne s'était pratiquement
pas entraîné depuis une dizaine de jours, allait être totalement invisible
durant toute cette rencontre.
En le faisant quand même jouer, les Brésiliens s'étaient méfiés de leur
premier choix, et ils avaient eu tort, car c'était certainement le bon.
La quasi-absence de leur meilleur joueur était probablement la raison de
ces signes de faiblesse donnés par les joueurs de Zagallo.
Toujours est-il que sans l'expulsion de Marcel Desailly, l'équipe de France
aurait vraisemblablement livré, et d'assez loin son match le plus facile
depuis le début du second tour, et peut-être même depuis le début de la
compétition. |
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Sa première mi-temps, en particulier, fut une véritable réussite. Pas du
tout impressionnée par l'enjeu, au contraire de son adversaire, elle s'installa
tranquillement dans le match, contrôlant aisément non pas tant le ballon,
qui resta un peu plus souvent la propriété des Brésiliens, mais le tempo
de la rencontre, les velléités adverses et la maîtrise du jeu?. |
Bref, contrôlant tout sauf, malheureusement et comme d'habitude, son efficacité
offensive.
Dix minutes ne s'étaient pas écoulées qu'elle s'était déjà créé trois occasions
nettes, et elle allait s'en créer trois autres avant la mi-temps, après
qu'au bout d'une vingtaine de minutes les Brésiliens furent, sans excès
sortis de leur étonnate torpeur. Toutes vendangées.
Il était rageant de voir que tous les duels importants étaient gagnés par
les Bleus, tous les bons coups étaient joués par eux, la lucidité, la percussion,
tout était de leur côté et que le score demeurait vierge. |
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On se disait que ce ne pouvait pas durer, que les Brésiliens allaient se
secouer, et que tous ces buts qui ne demandaient qu'à rentrer on risquait
de les pleurer amèrement plus tard. C'est alors que Zizou, la forte tête,
sortit de sa boîte pour crucifier à deux reprises une défense complètement
à la rue sur les balles arrêtées. |
Normalement, une fois la mi-temps atteinte sans autre dommage, le match
était plié.
On n'imaginait pas la plus belle forteresse du Mondial s'écrouler deux
fois en quarante-cinq minutes.
Comme on connaît la fin, on remerciera les Bleus d'avoir tenu à disputer
les vingt dernières minutes à dix, comme s'ils aveint voulu égaliser les
chances. |
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Mais même en infériorité numérique, les Français restaient imbougeables,
avec un Barthez vigilant un Thuram surpuissant, un Leboeuf impeccable,
un Lizarazu accrocheur, un milieu de terrain toujours aussi ratisseur,
où Vieira s'installa comme s'il avait joué ce genre de match toute sa vie
(milieu où Zidane faisait un excellent match au poste de demi défensif
gauche), et par-dessus tout cela un éblouissant Manu Petit, aussi bon que
Desailly lorsqu'il le remplaca en défense centrale, bourré de force et
d'ambition jusqu'à la fin du match. |
L'homme au catogan mérita mille fois de marquer le dernier but, qui n'était
plus celui de la délivrance puisqu'on disputait les arrêts de jeu, avec
une aisance et un timing que ses camarades attaquants n'avaient jamais
réussi à trouver dans des circonstances pourtant plus faciles.
Riche idée qu'a eue Aimé Jacquet de s'accrocher à tout prix au milieu d'Arsenal,
promu joueur de classe mondiale au même rang que Thuram, Desailly et Zidane, les autres grands joueurs français du Mondial. |
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Mais ce n'est pas le moment de les séparer.
Ils ont tous été formidables, ils ont tous vécu comme des ermites durant
deux mois, tendus vers un seul but, sans que jamais l'ombre d'une mésentente
ne vienne jeter une ombre sur leur petite troupe.
D'ailleurs à la remise des médailles, c'étaient ceux qui n'avaient pas
joué qui pleuraient le plus, les gamins Henry et Trezeguet notamment, champions
du monde à vingt ans. |
Alors bravo aux vingt-deux, bravo à Jacquet et à son staff qui ont su les
mettre dans les meilleurs conditions, Bravo même au public français qui
a été présent cette fois.
Le 12 juillet 1998, la France est enfin devenue un grand pays de football.
Elle avait déjà donné beaucoup au jeu, elle lui a encore donné plus : un
champion du monde digne du premier sport de la planète. |
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