Sète OM 3 - 3

3ème journée

Stade des METAIRIES

17 septembre 1933

SETE

3-3 (2-2)

MARSEILLE

LUCKAS (4'), MONSALLIER (35'), CROS (70')

BOYER (40'), ALCAZAR (44'), EISENHOFFER (65')

Mr MARENCO

10 000

MARSEILLE

DIETTRICH

DI LORTO, KURKA, H. CONCHY, CHARBIT, DRUCKER, ZERMANI, DURAND, ALCAZAR, BOYER, EISENHOFFER, KOHUT

SETE

DEDIEU

LLENSE, HILLIER, FRANQUES, GABRILLARGUES, BUKOVI, DUPONT, MONSALLIER, BECK, LUCKAS, CROS, BENOUNA

Le F.C. de Sète n'a jamais été très heureux au parc Borély. Pour rester dans la tradition, il a dû se contenter, dimanche, d'un match nul (3 buts à3), et laisser à l'O. Marseille, son adversaire, la moitié des points constituant l'enjeu de la rencontre.

Les deux équipes étaient en droit d'escompter un meilleur sort. Le public, au contraire, n'eut pas lieu du tout d'être mécontent car le jeu fut très souvent plaisant.

L'équipe sétoise eut, dans l'ensemble, un avantage assez net qui devait normalement suffire pour la faire bénéficier d'une victoire. Les buts marqués par Lukacs et Monsallier pendant les vingt premières minutes du match furent la digne récompense d'efforts, valeureux des Sétois et mirent le succès à leur portée. Cependant, la roue de la fortune tourna soudain. Les Sétois avaient jugé bon d'essayer Franquès comme arrière droit à la place de Capelle, qui ne met aucun empressement à s'entraîner. Franquès, à ce qu'on m'avait dit, ne pouvait manquer d'étonner tout le monde. Les évènements prouvèrent toutefois que le joueur-vedette d'Agde n'est pas nécessairement destiné à faire brillante figure du jour au lendemain dans un grand club. Jouant à gauche, sans autre ressource que son pied droit, Franquès accumula les erreurs et les maladresses en première mi-temps et c'est ainsi que les Marseillais réussirent à rétablir la balance, grâce à Boyer et Alcazar.

Ce fut un grand tort, à mon sens, d'avoir fait débuter Franquès à un poste qui, manifestement, ne lui est pas familier. est-ce qu'il n'est pas raisonnable de mettre les nouveaux venus dans les meilleurs conditions, afin de ne pas leur rendre la tâche trop rude ?

Quoi qu'il en soit, l'insuffisance de Franquès, fut pour beaucoup dans le redressement opéré par les Marseillais.

En seconde mi-temps, le jeu fut plus égal : Einsenhoffer donna d'abord l'avance à l'O.M. puis Cros remit la marque à égalité.

De part et d'autre, j'y insiste à dessein, il y eut de très belles phases de jeu. Il convient donc, pou être juste, de complimenter les deux équipes.

Pourtant, les offensives les plus méritoires furent le fait des Marseillais. leur jeu atteignait à la plus grande sobriété. Alors que chez les Sétois, la conquête de la balle semblait un but et non pas seulement un moyen, les Marseillais hasardaient rarement un dribbing et se contentaient de pousser doucement la balle vers leurs partenaires.

Si précieux qu'ils fussent, Beck; Cros et Banouna faisaient beaucoup d'efforts superflus qui aboutissaient en fin de compte à les déposséder de la balle.

Je ne ferai pas un parallèle très poussé entre le style des Marseillais et celui des Rouennais. Je me contenterai de dire qu'ils ont pas mal de points communs. Seulement, l'O.M. ne peut pas en tirer le même parti que le F. C. de Rouen, parce qu'il n'a pas de Nicolas. Boyer, je le veux bien, utilise la balle avec discernement chaque fois qu'il parvient à s'en emparer, mais comme la mobilité, la souplesse, le perçant, lui font défaut à présent, il n'est plus guère qu'un distributeur de jeu. Or, un très bon avant-centre doit être aussi et peut-être même avant tout, un réalisateur.

D'ailleurs, dans une équipe donnée, le poste d'avant-centre, n'est pas fait pour le plus vieux joueur. A Marseille, comme à Nîmes, on s'en apercevra bientôt. Kurka, tout comme Franquès eut des ratés qui ne furent pas sans conséquences fâcheuses pour son équipe. Charbit, Druker, Eisenhoffer et Kohout se distinguèrent chez les Marseillais tandis que Bukowi, Gabrillargues et Hillier donnèrent une haute idée de leur valeur dans l'équipe sétoise.

Je m'en voudrais de ne pas insister sur le cas d'Hillier et de Gabrillargues. Le premier fut abnadonné et bonne grâce par le F.C. Sochaux et le second n'eut pas une seule fois l'occasion de témoigner de sa valeur à Montpellier. L'erreur est humaine, je sais bien. Tout de même !