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5 Mai 1989 Stade Vélodrome
l'OM bat PSG 1 à 0 (0 - 0)
Arbitre Mr Vautrot 35572 Spectateurs
BUT SAUZEE 91eme)
OM HUARD, THYS, FORSTER, LE ROUX, DI MECO, GERMAIN, SAUZEE, GASTIEN (MEYRIEU
57'), ALLOFS, VERCRUYSSE (EYRAUD 76'), PAPIN Entraineur GILI
PSG BATS, POLANIOK, DREOSSI, PILORGET, CHARBONNIER, TANASI, SENE, PEREZ,
CALDERON, SUSIC, XUEREB (SIMBA 72')
Entraineur IVIC |
Depuis le début, le match est fermé voire insipide.
En cette trente-cinquième journée du championnat de France de D1 1988/89,
le Paris Saint-Germain de Tomislav Ivic rend visite à l’Olympique de Marseille
de Gérard Gili.
Le club de la capitale vient de reprendre les commandes du classement,
à la faveur d’une victoire (2-1) face au Matra Racing et d’un nul (0-0)
des Phocéens à Caen.
Un seul point d’avance avant ce qui constitue une quasi finale du championnat.
Une rencontre qui va s’animer et se décider dans ses ultimes instants.
Il reste environ trois minutes dans le temps réglementaire et Amara Simba joue un une-deux avec Safet Susic depuis l’aile droite. Servi par une subtile passe aérienne dans la surface de réparation, l’attaquant parisien, plus rapide, échappe au tacle d’Éric Di Meco et frappe en force du gauche. Gaëtan Huard, sorti promptement, se couche sur sa gauche et repousse le ballon de la poitrine, se retrouvant le souffle coupé durant une poignée de secondes. Le PSG, qui avait tiré au but pour la première fois par Gabriel Calderón à la 71e, vient de se procurer une magnifique occasion de remporter la victoire à l’orée du temps additionnel. Et, probablement, le championnat. |
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Les joueurs marseillais ont été incapables de trouver l’ouverture, butant sur Joël Bats ou ratant le cadre, à l’instar de Klaus Allofs à la 90e. Mais ils continuent et mènent “la dernière action de ce match”, comme l’annonce Michel Denisot au micro de Canal +. Sur une passe ratée de Calderón, Huard se précipite pour éviter le renvoi aux cinq mètres cinquante. Il relance à la main côté gauche vers Franck Sauzée.
Celui-ci remonte jusqu’au milieu de terrain avant de passer le ballon plein
axe à Patrice Eyraud, lequel transmet vers l’avant pour Frédéric Meyrieu
après un crochet. En une touche, le natif de La Seyne-sur-Mer redonne en
retrait à Sauzée, venu se placer à une trentaine de mètres du but parisien,
légèrement excentré. Le champion d’Europe Espoirs 1988 s’avance légèrement
le ballon et d’un pas, arme du droit. |
Sène tente de mettre son pied en opposition, mais en vain. Sauzée se souvient:
"Sur le contre, je me décale au milieu et après un relais avec Meyrieu
et Eyraud, je place une frappe du cou de pied à trente mètres qui passe
à droite (sic) de Joël Bats.” Le tir est à la fois puissant, fuyant et
flottant, passe entre plusieurs joueurs et se dirige vers le coin inférieur
gauche du but du PSG. Le gardien international part d’abord sur sa droite
et “c’est ça qui le tue”, dixit le chantre Charles Biétry. Le tir semble
changer imperceptiblement de trajectoire et échappe irrémédiablement à
Bats, se logeant dans les filets.
Le ballon a-t-il été détourné?
Difficile de l’affirmer avec les ralentis, mais le retard du portier s’avère fatal. |
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“C'était à la dernière minute, ç’a été une libération et le stade a chaviré
dans le bonheur", reprend Sauzée. L’auteur de l’une des plus belles
frappes que le football français ait connues exulte, saute et offre une
image de joie parmi les plus célèbres de l’histoire de l’OM. Il affiche
un grand sourire et se dirige vers le virage sud, derrière le but. Anne-Marie
Navarro, supportrice marseillaise de vingt-deux ans, trouve malheureusement
la mort dans les tribunes, succombant à un infarctus [1]. La fin de match
est sifflée tout de suite après et déjà, on veut parler de titre pour l’OM.
Habitude des années Tapie, un feu d’artifice est tiré. Mais les Marseillais
se gardent bien de se réjouir trop vite. "Il reste encore des matches”
affirme Sauzée prudent. |
Ivic "Ce coup n'est pas facile à encaisser, il va falloir réagir comme
des professionnels", et "je suis fier de mon équipe"
Si peu qu'au-delà du but miraculeux de Sauzée, les Marseillais n'ont pas
été plus loin que le résultat.
"Nous ne sommes pas encore champions."
Peut-être le seront-ils après s'être déplacés à Toulon, dernier obstacle
très sérieux sur le chemin du titre. Ils ne se sont pas non plus attardés
sur les façons de leurs adversaires. Ou si peu, afin de ne pas nier l'évidence. |
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Entre deux mots, Papin a avoué "qu'il ne pourrait pas jouer dans une
équipe telle que celle-là" et que "leur avant-centre avait beaucoup
de mérite". Il a aussi déclaré ce qu'il faudrait désormais entendre
avant les matches : "Ce genre de rencontre, ça ne peut pas être beau." |
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Gérard Gili, lui, a timidement insisté sur la terrible efficacité des Parisiens,
"incontournables sur les côtés et souverains dans le jeu aérien".
"Pour les passer, dit-il, faut compter sur la faute individuelle ou
sur le tir de loin;" Piere-Marie Descamps lui a alors posé la question
vérité : pourriez-vous procéder de la même façon qu'Ivic, à Marseille ?
Réponse : "Je ne suis pas du tout tenté et ce ne serait pas accepté
chez nous. C'est un jeu où il y a absence de vie et d'émotion." Entre
la poire, le fromage et le poulet tout est dit.
L'OM est presque champion, c'est toujours çà!!! |
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